Le réchauffement climatique

Réchauffement climatique : à quels changements s’attendre sur notre territoire Lyonnais ?

De quoi parle-t-on ? 

 

Sur le sujet du changement climatique, il est important de préciser que nous parlons de la température moyenne de la surface de la Terre.  

Cette température peut fluctuer en fonction de deux grands paramètres :  

Des paramètres de type astronomique qui vont influer sur l’intensité des rayonnements du soleil (variation de l’ellipse de la Terre ou inclinaison de celle-ci sur son orbite) ; 

Des paramètres liés à la composition de l’atmosphère : en effet, certains gaz naturellement présents dans l’atmosphère comme le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) ou le protoxyde d’azote (N2O) provoquent un effet de serre. Ils ont la particularité de laisser passer le rayonnement solaire mais de retenir une partie de la réverbération des rayons infra-rouges renvoyés par la surface de la terre :

Ce phénomène d’effet de serre est bénéfique pour la température moyenne sur Terre. Sans les GES, cette température moyenne qui est de l’ordre de 15°C depuis plusieurs millénaires serait de seulement -18° C ! 

 

Le fait est que le changement climatique fait partie de l’histoire de notre planète : le climat n’y a jamais été stable au fil des âges. Si l’on prend du recul, l’ère géologique dans laquelle nous vivons, dite quaternaire, qui est entamée depuis 2,58 millions d’années est une succession d’ères glaciaires relativement longues (entre 80 et 100 000 ans) et d’ères interglaciaires plus clémentes et aussi plus courtes (de 10 à 30 000 ans). L’écart de température moyenne estimé entre une ère glaciaire et une ère interglaciaire est de 5 à 8° C. Ces alternances de température sont dues aux paramètres astronomiques évoqués ci-dessus, qui influent sur l’intensité du rayonnement solaire. Il s’agit de phénomènes très lents dans leur déploiement.  

 

L’homme, dont les premières origines remontent à environ 350 000 ans, a déjà dû faire face à des périodes de changements climatiques importants lors des transitions entre ères glaciaires et interglaciaires.  

 

Deux différences notables lui permettaient de s’adapter à l’époque :  

en tant que chasseurs-cueilleurs vivant à l’état nomade, les populations humaines étaient par définition mobiles et occupaient les zones hospitalières du globe; 

les phénomènes de changement climatique se déployaient sur des échelles de temps très lentes qui laissaient à ces populations le temps de s’adapter.  

 

Depuis, la donne a changé. Le début de lère interglaciaire dans laquelle nous vivons a vu naître le développement de l’agriculture qui a révolutionné la façon dont l’humanité occupe la surface du globe : par la sédentarisation d’une part et par la naissance d’États organisés d’autre part, voire d’Empires, qui régulent les flux de biens et de personnes.  

 

Notre ère interglaciaire est relativement stable en termes de climat et doit durer encore quelques milliers d’années. Mais depuis deux siècles environ, nos activités induites par la révolution industrielle nous amènent, notamment, à consommer en les brûlant des masses considérables d’énergies fossiles dont la combustion fait augmenter de façon significative la proportion de ces GES dans l’atmosphère. C’est en ce sens que l’on peut parler de dérèglement: les GES font évoluer à la hausse et à un rythme qui s’accélère de décennies en décennies, la température moyenne observée sur Terre. 

 

L’humanité se trouve donc confrontée aujourd’hui à un défi totalement nouveau: s’adapter sur une échelle de temps très courte à des évolutions de température moyenne à la surface de la Terre dont la variation s’apparente à celle que l’on observe entre une phase de glaciation et une période interglaciaire. Le dernier rapport du GIEC estime que les émissions de GES actuelles nous emmènent vers une trajectoire de +1,5°C en 2030 à un réchauffement global de 4°C dans les prochaines décennies si l’on reste sur la trajectoire actuelle d’émission de CO2. L’humanité risque d’être confrontée, à l’échelle d’un demi-siècle, à un écart de température moyenne quasi comparable à ceux que l’on peut estimer entre une phase de glaciation et une ère interglaciaire. Pour donner un élément de comparaison siginificatif, la dernière déglaciation s’est soldée par une hausse de la température moyenne de la Terre d’environ 4 °C mais se serait déroulée en cinq étapes, sur environ 8 000 ans.  

 

 

En résumé :  

nous allons vivre, en version accélérée, une hausse des températures comparables à une phase de déglaciation 

nous allons sortir de l’alternance glaciation – déglaciation pour aller au-delà en termes de réchauffement, vers une ère de température moyenne encore jamais éprouvée sur Terre à l’échelle de l’histoire de l’humanité.  

 

Incidences au niveau planétaire et seuils d’alerte 

 

Au-delà des évènements météorologiques ou climatiques extrêmes que nous avons déjà connus tels que les vagues de chaleur (en 2003 et 2006 pour citer les épisodes les plus longues et les plus intenses), de sécheresses, les inondations, cyclones, etc. nous pouvons affirmer que le changement climatique n’est pas un dérèglement comme les autres dans la mesure où il a une pluri-influence sur les milieux.   

 

En effet, ces dérèglements climatiques prennent des formes multiples, :  

modification du cycle de l’eau entraînant une augmentation des épisodes intenses, sous forme d’inondations ou de sécheresses, 

modification de la répartition des pluies qui devraient augmenter dans les hautes latitudes et diminuer dans les régions subtropicales, 

élévation du niveau de la mer entraînant des inondations nombreuses dans les zones côtières et une accélération de l’érosion du littoral, 

diminution du nombre de jours de gel et du manteau neigeux saisonnier, dégel du pergélisol (sous-sol gelé en permanence (au moins pendant deux ans) situé dans les régions alpines, arctiques et antarctiques), fonte des glaciers et des calottes glaciaires, 

acidification des océans et baisse de leur teneur en oxygène entraînant des impacts négatifs pour les écosystèmes sous-marins et pour la faune marine, 

érosion de la biodiversité liée à la difficile adaptation des espèces aux changements climatiques rapides (diminution des périodes de migration des oiseaux migrateurs),  

modification de la capacité des arbres à séquestrer le carbone du fait de l’allongement des périodes de stress hydrique, 

augmentation des feux de forêts 

modification des dates de floraison impactant notamment les rendements agricoles.  

 

 

Cette liste, non exhaustive, est aggravée par le fait qu’un certain nombre de phénomènes engagés sont irréversibles à moyen termes même si nous cessions toute émission de GES. Par ailleurs, il est difficile d’envisager l’ensemble des boucles de rétro-actions aux différentes échelles locales et planétaires qui peuvent être engendrées par les incidences globales du réchauffement. La zone d’incertitude pour envisager les incidences à venir est donc importante.  

 

Deux indicateurs principaux ont été retenus par les scientifiques comme « variables de contrôle » pour mesurer l’évolution du réchauffement climatique :  

la concentration de CO2 dans l’atmosphère (il s’agit en effet du principal GES dont la proportion évolue dans l’atmosphère en fonction des activités humaines) ; elle s’exprime en ppm (partie par million = 1/1 000 000) ; 

le forçage radiatif qui correspond à l’équilibre entre rayonnement solaire entrant dans l’atmosphère et les émissions de rayonnement infra-rouges sortant de l’atmosphère ; il s’exprime en W/m2 (Watt/mètre carré).  

 

Les valeurs seuils fixées par les scientifiques sont les suivantes :  

350 ppm pour la concentration de CO2 (les dernières valeurs retenues pour la concentration sont aujourd’hui supérieures à 410 ppm) ; 

1 W/m2 pour le forçage radiatif (la dernière valeur estimée pour le forçage radiatif est aujourd’hui de 2,3 W/m2). 

 

Nous pouvons constater que les valeurs estimées pour décrire l’état actuel de la réalité sont bien au-delà des seuils d’alerte fixés par les scientifiques…. 

 

 

Incidences au niveau local 

 

1. Un réchauffement général accompagné de canicules et de perturbation des précipitations

  La température moyenne annuelle a augmenté de 1,7 °C à Lyon depuis 50 ans avec des tendances plus marquées au printemps et l’été : 

+1,4° l’automne 

+2° au printemps 

+2,4° l’été 

Aujourd’hui il fait plus chaud l’été à Lyon, qu’à Avignon ou à Montpellier il y a 30 ans. À l’horizon 2100, Lyon aura la température moyenne d’une ville comme Alger ou Madrid aujourd’hui, selon les scénarios.  

D’après les scénarios du GIEC, retravaillés à l’échelle nationale par météo France, ces températures pourraient évoluer de l’ordre de : 

+1 à 2° à 2050 

Jusqu’à +5° en 2100 

 

Températures  

Le nombre de jours de canicule a augmenté de + 4,5 jours entre 1959 et 2013. 

Les scénarios montrent une multiplication par 3,5 à 5 du nombre de jours de canicule à l’horizon 2080, soit 28 jours annuel de canicule dans l’agglomération lyonnaise en moyenne.. 

Précipitations   

 

Au niveau des précipitations, on constate une forte baisse estivale et une hausse automnale et hivernale de l’ordre de + 65 mm entre 1950 et 2013. Les cumuls de précipitations pourraient évoluer à la baisse, avec des disparités saisonnières, notamment une réduction de – 25 à – 40 % à l’horizon 2080 des pluies estivales. Cette tendance globale de baisse des précipitations n’empêchera pas ponctuellement l’occurrence de fortes précipitations. En effet, selon le dernier rapport du GIEC elles continueront à devenir plus fréquentes, corroborant l’éventuelle intensification des crues. 

 

 2. Un risque pour la santé de la population provoqué par la combinaison fortes chaleurs – pollution atmosphérique 

 

En cas d’épisode caniculaire, l’effet d’îlot de chaleur urbain lié à la minéralité de la ville multiplie les répercussions sur la santé des habitants : coups de chaleur, hyperthermies, déshydratations, maladies respiratoires et cardiovasculaires… La concentration de la population en centre urbain et son vieillissement entraînent une sensibilité forte du territoire. 

 Le Grand Lyon est fortement concerné par des épisodes de pollution atmosphérique. Selon les saisons, la problématique se pose différemment. Si en hiver, la problématique des pollutions est liée à la concentration des particules, en été, ce sont les pics d’ozone qui posent question. Sur la base des scénarios d’évolution climatique du GIEC, les pics journaliers seraient susceptibles de croître. Les fortes concentrations d’ozone de l’été 2003 pourraient ainsi devenir une situation « normale » à la fin du siècle.  

3. Une forte perturbation du cycle de l’eau

 

  La sensibilité de la ressource en eau aux évolutions climatiques  

Le changement climatique aura un impact sur la quantité d’eau disponible et sur sa répartition dans le temps et dans l’espace. Le territoire du Grand Lyon subirait ainsi une baisse de la ressource en eau, accompagnée d’une élévation de sa température, entrainant une dégradation de la qualité ainsi qu’une évolution de la biodiversité.

  L’exposition du territoire au risque d’inondation  

Le bassin de vie de Lyon est identifié comme territoire à risque important (TRI), conséquence de la perturbation des précipitations.  

Plusieurs risques sont notamment présents sur le territoire :  

des crues fluviales sur la Saône et le Rhône ;  

des crues torrentielles localisées dans l’ouest lyonnais ;  

le ruissellement pluvial dans l’est lyonnais et les remontées de nappe dans les secteurs urbains. 

4. Une production agricole fortement pénalisée

 

Sur le territoire français, le changement climatique a des effets sur l’agriculture et les forêts, qui se caractérisent par : 

  Une « précocification » des périodes de stress hydrique, qui est plus profond et intervient plus tôt ; 

Le besoin en irrigation accru par l’augmentation des jours de sécheresse ; 

La recrudescence des risques naturels: inondations et crues, glissement de terrain, feux de forêts, etc. 

L’apparition de nouveaux parasites, ou l’augmentation des populations de certains parasites, notamment dans les forêts, favorisées par la hausse des températures,  

Plus globalement une modification de la biodiversité présente dans les écosystèmes 

La modification de la phénologie des végétaux : modification des dates de semis, de récoltes, etc.  

 
 
 

Les cultures agricoles sont donc globalement très impactées sur leur capacité à conserver leur rendement habituel. 

 

Conclusion 

 

Le changement climatique n’est pas un phénomène nouveau dans l’histoire de la planète Terre ni dans celle de l’Humanité. En revanche, celui vers lequel nous allons inéluctablement présente plusieurs nouveautés qui lui confèrent un grand champ d’incertitude :  

Les précédents changements climatiques que l’Humanité a connus se déroulaient sur des échelles de temps beaucoup plus longues (plusieurs milliers d’années vs 1 à 2 siècles) 

Les organisations sociales des populations humaines des époques concernées leur permettaient une plus grande mobilité.  

Nous entrons dans une ère où jamais dans l’histoire de l’Humanité il n’aura fait aussi chaud sur Terre. 

Les premières incidences que nous pouvons anticiper sur le territoire lyonnais sont les suivantes :  

Un réchauffement global des températures légèrement supérieur à la moyenne observée sur l’ensemble de la planète. 

Un impact négatif sur la santé des populations car les périodes de canicules ou de fortes chaleurs accroissent les effets négatifs de la pollution atmosphérique et entraînent des problématiques d’ordre respiratoire ou cardio-vasculaire. 

Une perturbation du cycle de l’eau qui tend à une diminution conséquente des disponibilités de cette ressource essentielle. 

Une forte altération des rendements agricoles et des écosystèmes forestiers. 

 

Sources :  

Limites planétaires, Comprendre (et éviter) les menaces environnementales de l’anthropocène, Aurélien BOUTAUD & Natacha GONDRAN, Veille Prospective DPDP, Grand Lyon La Métropole, Mai 2019 – https://www.millenaire3.com/ressources/Limites-planetaires  

https://jancovici.com/changement-climatique/aspects-physiques/quest-ce-que-leffet-de-serre/ 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_monde 

https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode_interglaciaire 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Derni%C3%A8re_p%C3%A9riode_glaciaire 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maximum_thermique_du_passage_Pal%C3%A9oc%C3%A8ne-%C3%89oc%C3%A8ne 

Communiqué de presse du GIEC, 9 août 2021 – https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2021/08/IPCC_WGI-AR6-Press-Release_fr.pdf  

Le rapport du GIEC en 18 graphiques, Le blog de Sylvestre HUET, journaliste scientifique au journal Le Monde – https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2021/08/IPCC_WGI-AR6-Press-Release_fr.pdf  

Plan Climat Air Energie Territorial 2030, 28 novembre 2019, Grand Lyon La Métropole – https://blogs.grandlyon.com/plan-climat/wp-content/blogs.dir/8/files/2020/09/01-PCAET_MetropoleDeLyon_2019-2030-VersionMAJ.pdf.pdf  

L’agriculture face au défi climatique, Comment assurer notre avenir en Auvergne Rhône Alpes, Février 2021, CESER Auvergne Rhône Alpes – https://ceser.auvergnerhonealpes.fr/upload/publication/pdf_rapport/l-agriculture-face-au-changement-climatique-final-1.pdf 

 

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