Le cycle de l’azote

PERTURBATION DU CYCLE DE L’AZOTE : QUELLES SONT LES MENACES sur notre territoire Lyonnais ?

 

De quoi parle-t-on ?

 

L’azote est un composant chimique fondamental de l’équilibre global de la biosphère :

il compose près de 80% de l’atmosphère,

il est une composante des acides aminés (protéines) et des acides nucléiques (ADN, ARN, …)

il constitue un élément essentiel pour la croissance des végétaux.

 

 

Sur ce dernier aspect, il présente la particularité de devoir être transformé en nitrate ou en ammonium pour être assimilé par les plantes. Cette transformation s’opère de façon naturelle grâce à des bactéries dites « nitrifiantes » qui sont présentes dans l’eau, le sol et les racines de certaines plantes, notamment les légumineuses.

 

Lorsque les plantes sont ingérées par des animaux ou des êtres humains, l’azote va traverser la chaîne alimentaire et être à nouveau répandu dans la nature via les déjections urinaires et fécales des différents maillons de cette chaîne, ou à travers les processus de décomposition des organismes végétaux ou animaux. Les résidus d’azote vont à nouveau être transformés :

soit en nitrate et en ammonium à nouveau assimilables par les plantes grâce à l’action d’organismes décomposeurs présents dans le sol,

soit en azote gazeux (diazote ou protoxyde d’azote) grâce à l’action de bactéries dites « dénitrifiantes ».

 

Le cycle naturel de l’azote

 

N2 : diazote (azote naturellement présent dans l’atmosphère)

N2O : protoxyde d’azote (faisant partie des gaz à effet de serre)

NH4+ : Ammonium

NO3 : Nitrate

 

 

Au cours de la première moitié du XXème siècle, l’homme a inventé des processus de production artificielle, et industrialisée, de nitrate et d’ammonium directement assimilables par les plantes, en s’affranchissant ainsi des processus de transformation naturelle de l’azote. L’efficacité est telle sur le plan agronomique qu’au fil du temps l’agriculture est devenue totalement dépendante de cet engrais. A tel point qu’en Europe par exemple, les apports d’azote fabriqués par l’homme sont cinq fois supérieurs à ce que la nature est capable de produire selon ses propres processus. A l’échelle planétaire, on observe aujourd’hui un doublement de la quantité d’azote dit « réactif » (c’est-à-dire directement assimilable par les plantes sous forme de nitrates et d’ammonium) dans la biosphère.

 

 

Le problème tient au fait que la nature n’est pas capable d’assimiler via les végétaux la totalité de ces flux supplémentaires d’azote. En conséquence, nitrates et ammonium envahissent les différentes zones de la biosphère : sous-sols, nappes phréatiques, sources et cours d’eau jusqu’aux littoraux, et créent ainsi des effets néfastes en cascade :

 

Incidences au niveau planétaire et seuils d’alerte

 

A forte dose, nitrates et ammonium peuvent devenir des polluants qui affectent l’ensemble du cycle de l’eau mais également l’atmosphère :

ils polluent d’abord les nappes phréatiques au point de rendre potentiellement l’eau impropre à toute consommation ;

ils constituent un facteur aggravant des phénomènes d’eutrophisation (cf. figure ci-dessous) qui asphyxient les écosystème aquatiques, parfois de façon irréversible ;

ils accentuent les processus de relargage dans l’atmosphère de l’azote sous sa forme gazeuse, ce qui pour le cas du protoxyde d’azote est très dommageable, dans la mesure où il est un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement est 300 fois supérieur à celui du CO2.

 

Qu’est-ce que l’eutrophisation ?

 

L’eutrophisation est le processus par lequel un plan d’eau vieillit. Il est caractérisé par une augmentation de la productivité du plan d’eau, qui finira par se combler et disparaître. L’eutrophisation est un processus qui, de façon naturelle, s’étale sur des siècles ou des millénaires. Par contre, les activités humaines peuvent augmenter de façon draconienne la vitesse du processus.

Les étapes sont les suivantes :

croissance et multiplication des algues présentes dans l’écosystème

baisse de la luminosité du milieu aquatique, réduction de la photosynthèse et destruction des plantes aquatiques présentes dans ses couches inférieures

décomposition des algues de surface consommant l’oxygène disponible dans l’eau

réduction de la teneur en oxygène et disparition progressive de la faune aquatique

destruction du milieu aquatique

 

 

Seuil d’alerte

 

Pour établir un seuil limite au-delà duquel la situation serait considérée comme critique, les scientifiques ont retenu le risque d’eutrophisation des milieux aquatiques comme point de repère central. La démarche consiste à évaluer la quantité d’azote « réactif » (transformé en nitrate ou en ammonium) que la biosphère est capable d’assimiler sans prendre le risque de détruire les écosystèmes aquatiques.

 

L’indicateur qui permet de mesurer cette quantité est le Tg N/an : il s’agit du nombre de teragrammes (1 TG = 1 milliard de kg) d’azote inactif disponible dans l’atmosphère qui a été rendu actif par des procédés anthropiques (fabrication des engrais, culture des légumineuses, combustion d’énergie fossile, combustion de la biomasse).

 

La valeur retenue par les scientifiques comme constituant un seuil d’alerte est de 62 Tg N/an. La valeur actuelle de fixation d’azote par des procédés anthropiques est aujourd’hui estimée au niveau mondial à environ 150 Tg N/an. Les principales formes de fixation de l’azote atmosphérique sont, par ordre d’importance :

La fabrication industrielle d’azote réactif, sous forme essentiellement d’engrais : 80 Tg N/an.

La fixation d’azote par les légumineuses (cultivées par l’homme) : 40 Tg N/an.

La combustion d’énergies fossiles : 20 Tg N/an.

La combustion d’énergies fossiles: 20 Tg N/an

La combustion de la biomasse : 10 Tg N/an.

La production agricole est donc le secteur très majoritairement responsable du déséquilibre du cycle de l’azote avec environ 120 Tg N/an, dont la majeure partie liée aux engrais minéraux.

Nous sommes donc parvenus au niveau planétaire dans une zone de risque accru : le seuil d’alerte fixé par les scientifiques est plus que doublé !

 

Incidences au niveau local

1. Un maintien global d’une bonne qualité de l’eau…

Qualité de l’eau potable 

La Direction de l’eau de la Métropole lyonnaise note en 2018, que les concentrations en nitrate dans l’eau distribuée dans le réseau d’eau potable de la Métropole étaient comprises entre 5 et 28 mg/L, sachant que plus de 80% de la population est alimentée par une eau dont les concentrations sont inférieures à 10 mg/L et 100% de la population est alimentée par une eau dont la concentration est inférieure à la norme de 50 mg/L (norme de potabilisation de l’eau).

 

Qualité des eaux de pêche

La qualité des eaux de pêche est dégradée sur notre territoire et nécessite une règlementation contraignante, interdisant la consommation ainsi que la commercialisation de certaines espèces de poissons pêchés dans le Grand large et dans le canal de Jonage, du barrage de Jonage jusqu’à l’usine Cusset, ainsi que certaines espèces de poissons pêchés dans la Saône et plus particulièrement en aval du barrage écluse de Dracé jusqu’à la confluence Rhône-Saône, etc.

 

Qualité des eaux de baignade

La qualité des eaux de baignades peut être impactée par les pollutions et devenir dangereuse, par exemple du fait du développement de bactéries ou d’algues microscopiques potentiellement toxiques. Notre territoire rhônalpin présente une qualité des eaux de baignade classée essentiellement entre « bonne » et « excellente », d’après les relevés datant de 2019 :

 

Source : https://baignades.sante.gouv.fr/baignades/homeMap.do#a

 

2. …mais une menace significative sur un grand nombre de communes concernant la pollution des eaux en nitrates

 

Tous les quatre ans, les DREAL sont chargées de prendre des mesures systématiques des teneurs en nitrate des nappes phréatiques sur l’ensemble du territoire français. Elles élaborent grâce à ces mesures une liste de communes identifiées comme vulnérables quant à la qualité selon le principe suivant :

« Une zone vulnérable est une partie du territoire où la pollution des eaux par le rejet direct ou indirect de nitrates d’origine agricole et d’autres composés azotés susceptibles de se transformer en nitrates, menace à court terme la qualité des milieux aquatiques et plus particulièrement l’alimentation en eau potable. »

 

Le dernier relevé a eu lieu en 2021. Il fait ressortir la liste suivante de communes en zones vulnérables dans le territoire de Lyon et de son environnement :

 

On observe une forte concentration de communes concernées le long du couloir rhodanien et, sans surprise, plus particulièrement regroupées autour des différentes agglomérations.

 

 

 

Conclusion

 

Même s’ils sont beaucoup moins présents dans les médias que le sujet du changement climatique, il est frappant de constater que la pollution des nappes phréatiques aux nitrates et les risques d’eutrophisation ont pourtant globalement largement dépassé le seuil considéré comme « soutenable » par la planète. Ces deux phénomènes font peser à court terme une menace importante sur la pérennité des milieux aquatiques, y compris les littoraux (on n’a pas oublié le phénomène des algues vertes sur les côtes bretonnes ces dernières années).

Cependant, au niveau local, on constate que la situation n’est pas encore critique sur la qualité des eaux potables. Les interdictions de pêche restent circonscrites et les eaux de baignade sont maintenues à un très bon niveau. Il reste que le territoire de Lyon et de ses environs est considéré dans sa totalité comme vulnérable à court terme et qu’il y a une tendance à inverser si l’on ne veut pas menacer la pérennité des écosystèmes aquatiques qu’il héberge.

 

Sources :

Limites planétaires, Comprendre (et éviter) les menaces environnementales de l’anthropocène, Aurélien BOUTAUD & Natacha GONDRAN, Veille Prospective DPDP, Grand Lyon La Métropole, Mai 2019 – https://www.millenaire3.com/ressources/Limites-planetaires

Cycles biogéochimiques – Cycle de l’azote, Jonathan DUMAS, https://www.youtube.com/watch?v=Qqxhmwy84tM

https://ecotoxicologie.fr/eutrophisation-milieux-aquatiques

https://www.memphremagog.org/fr/eutrophisation

https://www.eaufrance.fr/lalimentation-en-eau-potable

https://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr/gestions-des-pollutions/pollution-par-les-pcb/arretes-dinterdiction/arretes-en-vigueur-sur-les-cours-deau-canaux

https://baignades.sante.gouv.fr/baignades/homeMap.do#a

http://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/classement-2021-des-communes-en-zone-vulnerable-a-a20497.html

http://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/20210908cartezvn2021.pdf

 

Le réchauffement climatique

Réchauffement climatique : à quels changements s’attendre sur notre territoire Lyonnais ?

De quoi parle-t-on ? 

 

Sur le sujet du changement climatique, il est important de préciser que nous parlons de la température moyenne de la surface de la Terre.  

Cette température peut fluctuer en fonction de deux grands paramètres :  

Des paramètres de type astronomique qui vont influer sur l’intensité des rayonnements du soleil (variation de l’ellipse de la Terre ou inclinaison de celle-ci sur son orbite) ; 

Des paramètres liés à la composition de l’atmosphère : en effet, certains gaz naturellement présents dans l’atmosphère comme le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) ou le protoxyde d’azote (N2O) provoquent un effet de serre. Ils ont la particularité de laisser passer le rayonnement solaire mais de retenir une partie de la réverbération des rayons infra-rouges renvoyés par la surface de la terre :

Ce phénomène d’effet de serre est bénéfique pour la température moyenne sur Terre. Sans les GES, cette température moyenne qui est de l’ordre de 15°C depuis plusieurs millénaires serait de seulement -18° C ! 

 

Le fait est que le changement climatique fait partie de l’histoire de notre planète : le climat n’y a jamais été stable au fil des âges. Si l’on prend du recul, l’ère géologique dans laquelle nous vivons, dite quaternaire, qui est entamée depuis 2,58 millions d’années est une succession d’ères glaciaires relativement longues (entre 80 et 100 000 ans) et d’ères interglaciaires plus clémentes et aussi plus courtes (de 10 à 30 000 ans). L’écart de température moyenne estimé entre une ère glaciaire et une ère interglaciaire est de 5 à 8° C. Ces alternances de température sont dues aux paramètres astronomiques évoqués ci-dessus, qui influent sur l’intensité du rayonnement solaire. Il s’agit de phénomènes très lents dans leur déploiement.  

 

L’homme, dont les premières origines remontent à environ 350 000 ans, a déjà dû faire face à des périodes de changements climatiques importants lors des transitions entre ères glaciaires et interglaciaires.  

 

Deux différences notables lui permettaient de s’adapter à l’époque :  

en tant que chasseurs-cueilleurs vivant à l’état nomade, les populations humaines étaient par définition mobiles et occupaient les zones hospitalières du globe; 

les phénomènes de changement climatique se déployaient sur des échelles de temps très lentes qui laissaient à ces populations le temps de s’adapter.  

 

Depuis, la donne a changé. Le début de lère interglaciaire dans laquelle nous vivons a vu naître le développement de l’agriculture qui a révolutionné la façon dont l’humanité occupe la surface du globe : par la sédentarisation d’une part et par la naissance d’États organisés d’autre part, voire d’Empires, qui régulent les flux de biens et de personnes.  

 

Notre ère interglaciaire est relativement stable en termes de climat et doit durer encore quelques milliers d’années. Mais depuis deux siècles environ, nos activités induites par la révolution industrielle nous amènent, notamment, à consommer en les brûlant des masses considérables d’énergies fossiles dont la combustion fait augmenter de façon significative la proportion de ces GES dans l’atmosphère. C’est en ce sens que l’on peut parler de dérèglement: les GES font évoluer à la hausse et à un rythme qui s’accélère de décennies en décennies, la température moyenne observée sur Terre. 

 

L’humanité se trouve donc confrontée aujourd’hui à un défi totalement nouveau: s’adapter sur une échelle de temps très courte à des évolutions de température moyenne à la surface de la Terre dont la variation s’apparente à celle que l’on observe entre une phase de glaciation et une période interglaciaire. Le dernier rapport du GIEC estime que les émissions de GES actuelles nous emmènent vers une trajectoire de +1,5°C en 2030 à un réchauffement global de 4°C dans les prochaines décennies si l’on reste sur la trajectoire actuelle d’émission de CO2. L’humanité risque d’être confrontée, à l’échelle d’un demi-siècle, à un écart de température moyenne quasi comparable à ceux que l’on peut estimer entre une phase de glaciation et une ère interglaciaire. Pour donner un élément de comparaison siginificatif, la dernière déglaciation s’est soldée par une hausse de la température moyenne de la Terre d’environ 4 °C mais se serait déroulée en cinq étapes, sur environ 8 000 ans.  

 

 

En résumé :  

nous allons vivre, en version accélérée, une hausse des températures comparables à une phase de déglaciation 

nous allons sortir de l’alternance glaciation – déglaciation pour aller au-delà en termes de réchauffement, vers une ère de température moyenne encore jamais éprouvée sur Terre à l’échelle de l’histoire de l’humanité.  

 

Incidences au niveau planétaire et seuils d’alerte 

 

Au-delà des évènements météorologiques ou climatiques extrêmes que nous avons déjà connus tels que les vagues de chaleur (en 2003 et 2006 pour citer les épisodes les plus longues et les plus intenses), de sécheresses, les inondations, cyclones, etc. nous pouvons affirmer que le changement climatique n’est pas un dérèglement comme les autres dans la mesure où il a une pluri-influence sur les milieux.   

 

En effet, ces dérèglements climatiques prennent des formes multiples, :  

modification du cycle de l’eau entraînant une augmentation des épisodes intenses, sous forme d’inondations ou de sécheresses, 

modification de la répartition des pluies qui devraient augmenter dans les hautes latitudes et diminuer dans les régions subtropicales, 

élévation du niveau de la mer entraînant des inondations nombreuses dans les zones côtières et une accélération de l’érosion du littoral, 

diminution du nombre de jours de gel et du manteau neigeux saisonnier, dégel du pergélisol (sous-sol gelé en permanence (au moins pendant deux ans) situé dans les régions alpines, arctiques et antarctiques), fonte des glaciers et des calottes glaciaires, 

acidification des océans et baisse de leur teneur en oxygène entraînant des impacts négatifs pour les écosystèmes sous-marins et pour la faune marine, 

érosion de la biodiversité liée à la difficile adaptation des espèces aux changements climatiques rapides (diminution des périodes de migration des oiseaux migrateurs),  

modification de la capacité des arbres à séquestrer le carbone du fait de l’allongement des périodes de stress hydrique, 

augmentation des feux de forêts 

modification des dates de floraison impactant notamment les rendements agricoles.  

 

 

Cette liste, non exhaustive, est aggravée par le fait qu’un certain nombre de phénomènes engagés sont irréversibles à moyen termes même si nous cessions toute émission de GES. Par ailleurs, il est difficile d’envisager l’ensemble des boucles de rétro-actions aux différentes échelles locales et planétaires qui peuvent être engendrées par les incidences globales du réchauffement. La zone d’incertitude pour envisager les incidences à venir est donc importante.  

 

Deux indicateurs principaux ont été retenus par les scientifiques comme « variables de contrôle » pour mesurer l’évolution du réchauffement climatique :  

la concentration de CO2 dans l’atmosphère (il s’agit en effet du principal GES dont la proportion évolue dans l’atmosphère en fonction des activités humaines) ; elle s’exprime en ppm (partie par million = 1/1 000 000) ; 

le forçage radiatif qui correspond à l’équilibre entre rayonnement solaire entrant dans l’atmosphère et les émissions de rayonnement infra-rouges sortant de l’atmosphère ; il s’exprime en W/m2 (Watt/mètre carré).  

 

Les valeurs seuils fixées par les scientifiques sont les suivantes :  

350 ppm pour la concentration de CO2 (les dernières valeurs retenues pour la concentration sont aujourd’hui supérieures à 410 ppm) ; 

1 W/m2 pour le forçage radiatif (la dernière valeur estimée pour le forçage radiatif est aujourd’hui de 2,3 W/m2). 

 

Nous pouvons constater que les valeurs estimées pour décrire l’état actuel de la réalité sont bien au-delà des seuils d’alerte fixés par les scientifiques…. 

 

 

Incidences au niveau local 

 

1. Un réchauffement général accompagné de canicules et de perturbation des précipitations

  La température moyenne annuelle a augmenté de 1,7 °C à Lyon depuis 50 ans avec des tendances plus marquées au printemps et l’été : 

+1,4° l’automne 

+2° au printemps 

+2,4° l’été 

Aujourd’hui il fait plus chaud l’été à Lyon, qu’à Avignon ou à Montpellier il y a 30 ans. À l’horizon 2100, Lyon aura la température moyenne d’une ville comme Alger ou Madrid aujourd’hui, selon les scénarios.  

D’après les scénarios du GIEC, retravaillés à l’échelle nationale par météo France, ces températures pourraient évoluer de l’ordre de : 

+1 à 2° à 2050 

Jusqu’à +5° en 2100 

 

Températures  

Le nombre de jours de canicule a augmenté de + 4,5 jours entre 1959 et 2013. 

Les scénarios montrent une multiplication par 3,5 à 5 du nombre de jours de canicule à l’horizon 2080, soit 28 jours annuel de canicule dans l’agglomération lyonnaise en moyenne.. 

Précipitations   

 

Au niveau des précipitations, on constate une forte baisse estivale et une hausse automnale et hivernale de l’ordre de + 65 mm entre 1950 et 2013. Les cumuls de précipitations pourraient évoluer à la baisse, avec des disparités saisonnières, notamment une réduction de – 25 à – 40 % à l’horizon 2080 des pluies estivales. Cette tendance globale de baisse des précipitations n’empêchera pas ponctuellement l’occurrence de fortes précipitations. En effet, selon le dernier rapport du GIEC elles continueront à devenir plus fréquentes, corroborant l’éventuelle intensification des crues. 

 

 2. Un risque pour la santé de la population provoqué par la combinaison fortes chaleurs – pollution atmosphérique 

 

En cas d’épisode caniculaire, l’effet d’îlot de chaleur urbain lié à la minéralité de la ville multiplie les répercussions sur la santé des habitants : coups de chaleur, hyperthermies, déshydratations, maladies respiratoires et cardiovasculaires… La concentration de la population en centre urbain et son vieillissement entraînent une sensibilité forte du territoire. 

 Le Grand Lyon est fortement concerné par des épisodes de pollution atmosphérique. Selon les saisons, la problématique se pose différemment. Si en hiver, la problématique des pollutions est liée à la concentration des particules, en été, ce sont les pics d’ozone qui posent question. Sur la base des scénarios d’évolution climatique du GIEC, les pics journaliers seraient susceptibles de croître. Les fortes concentrations d’ozone de l’été 2003 pourraient ainsi devenir une situation « normale » à la fin du siècle.  

3. Une forte perturbation du cycle de l’eau

 

  La sensibilité de la ressource en eau aux évolutions climatiques  

Le changement climatique aura un impact sur la quantité d’eau disponible et sur sa répartition dans le temps et dans l’espace. Le territoire du Grand Lyon subirait ainsi une baisse de la ressource en eau, accompagnée d’une élévation de sa température, entrainant une dégradation de la qualité ainsi qu’une évolution de la biodiversité.

  L’exposition du territoire au risque d’inondation  

Le bassin de vie de Lyon est identifié comme territoire à risque important (TRI), conséquence de la perturbation des précipitations.  

Plusieurs risques sont notamment présents sur le territoire :  

des crues fluviales sur la Saône et le Rhône ;  

des crues torrentielles localisées dans l’ouest lyonnais ;  

le ruissellement pluvial dans l’est lyonnais et les remontées de nappe dans les secteurs urbains. 

4. Une production agricole fortement pénalisée

 

Sur le territoire français, le changement climatique a des effets sur l’agriculture et les forêts, qui se caractérisent par : 

  Une « précocification » des périodes de stress hydrique, qui est plus profond et intervient plus tôt ; 

Le besoin en irrigation accru par l’augmentation des jours de sécheresse ; 

La recrudescence des risques naturels: inondations et crues, glissement de terrain, feux de forêts, etc. 

L’apparition de nouveaux parasites, ou l’augmentation des populations de certains parasites, notamment dans les forêts, favorisées par la hausse des températures,  

Plus globalement une modification de la biodiversité présente dans les écosystèmes 

La modification de la phénologie des végétaux : modification des dates de semis, de récoltes, etc.  

 
 
 

Les cultures agricoles sont donc globalement très impactées sur leur capacité à conserver leur rendement habituel. 

 

Conclusion 

 

Le changement climatique n’est pas un phénomène nouveau dans l’histoire de la planète Terre ni dans celle de l’Humanité. En revanche, celui vers lequel nous allons inéluctablement présente plusieurs nouveautés qui lui confèrent un grand champ d’incertitude :  

Les précédents changements climatiques que l’Humanité a connus se déroulaient sur des échelles de temps beaucoup plus longues (plusieurs milliers d’années vs 1 à 2 siècles) 

Les organisations sociales des populations humaines des époques concernées leur permettaient une plus grande mobilité.  

Nous entrons dans une ère où jamais dans l’histoire de l’Humanité il n’aura fait aussi chaud sur Terre. 

Les premières incidences que nous pouvons anticiper sur le territoire lyonnais sont les suivantes :  

Un réchauffement global des températures légèrement supérieur à la moyenne observée sur l’ensemble de la planète. 

Un impact négatif sur la santé des populations car les périodes de canicules ou de fortes chaleurs accroissent les effets négatifs de la pollution atmosphérique et entraînent des problématiques d’ordre respiratoire ou cardio-vasculaire. 

Une perturbation du cycle de l’eau qui tend à une diminution conséquente des disponibilités de cette ressource essentielle. 

Une forte altération des rendements agricoles et des écosystèmes forestiers. 

 

Sources :  

Limites planétaires, Comprendre (et éviter) les menaces environnementales de l’anthropocène, Aurélien BOUTAUD & Natacha GONDRAN, Veille Prospective DPDP, Grand Lyon La Métropole, Mai 2019 – https://www.millenaire3.com/ressources/Limites-planetaires  

https://jancovici.com/changement-climatique/aspects-physiques/quest-ce-que-leffet-de-serre/ 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_monde 

https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode_interglaciaire 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Derni%C3%A8re_p%C3%A9riode_glaciaire 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maximum_thermique_du_passage_Pal%C3%A9oc%C3%A8ne-%C3%89oc%C3%A8ne 

Communiqué de presse du GIEC, 9 août 2021 – https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2021/08/IPCC_WGI-AR6-Press-Release_fr.pdf  

Le rapport du GIEC en 18 graphiques, Le blog de Sylvestre HUET, journaliste scientifique au journal Le Monde – https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2021/08/IPCC_WGI-AR6-Press-Release_fr.pdf  

Plan Climat Air Energie Territorial 2030, 28 novembre 2019, Grand Lyon La Métropole – https://blogs.grandlyon.com/plan-climat/wp-content/blogs.dir/8/files/2020/09/01-PCAET_MetropoleDeLyon_2019-2030-VersionMAJ.pdf.pdf  

L’agriculture face au défi climatique, Comment assurer notre avenir en Auvergne Rhône Alpes, Février 2021, CESER Auvergne Rhône Alpes – https://ceser.auvergnerhonealpes.fr/upload/publication/pdf_rapport/l-agriculture-face-au-changement-climatique-final-1.pdf 

 

Introduction | La démarche / La méthode

Introduction

Objectifs et méthode 

 

Via Terrata est un fonds de dotation qui s’est fixé deux grands objectifs :  

Mobiliser des entrepreneurs implantés sur un territoire commun, Lyon et sa région, pour déployer des projets environnementaux à impacts positifs  

Collecter des ressources financières pour être en mesure de transformer les projets en action. 

  

Via Terrata se définit comme un « do tank », dont la mission est centrée sur l’action, en complémentarité des communautés de type « think tank » qui se donnent pour objectif d’informer et de sensibiliser sur les enjeux environnementaux et sociétaux des décennies à venir. Via Terrata veut capter et orienter la force d’initiative des entrepreneurs locaux, promouvoir et canaliser leur capacité à créer, collectivement, de nouvelles manières de vivre et de prospérer ensemble. 

  

Notre projet d’intérêt général, répond au besoin de mutation de nos modèles économiques et sociaux. Il s’agit d’innover et de faire émerger un modèle de société vivable, habitable, souhaitable, au travers de projets concrets, ancrés dans le réel. 

Via Terrata intervient sur une zone d’influence locale, définie comme « Lyon et sa région de proximité ». Cet ancrage territorial est destiné à éviter l’écueil de la dilution de l’action. Via Terrata fait donc le choix de délimiter le déploiement de ses solutions sur des espaces maîtrisables et se donne ainsi les chances d’obtenir des résultats tangibles, mesurables et visibles. 

Les projets mis en œuvre par Via Terrata pourront relier l’urbain au rural. Participer à la création d’une économie symbiotique, générer des interactions positives et continues entre nos villes et les terres nourricières alentours.  

 

Sur la base de cette intention, et dans le but de sous-tendre l’action, il nous est apparu nécessaire de faire le point sur les enjeux écologiques que Via Terrata se donne pour objectif d’aborder. De quoi parle-t-on exactement quand on parle d’écologie et de développement durable ? Quel est le socle de connaissance sur lequel nous pouvons nous appuyer pour initier des actions qui soient pertinentes sur le fond et productrices d’effets positifs sur le réel ? Les sujets sont tellement nombreux et parfois si complexes qu’un des premiers freins de l’action est de savoir précisément par où commencer. Par quel fil de la pelote de laine peut-on dérouler les thématiques qui devront orienter les projets et les missions d’intérêt général ? Sur tous ces enjeux environnementaux, quelles sont les spécificités du périmètre local que nous nous sommes donné comme terrain d’expérimentation et d’action ? En bref, il nous est apparu indispensable de faire la synthèse pour tenter d’y voir plus clair.  

 

 

Approche diagnostique 

 

Nous avons donc demandé à Camille Longé, jeune diplômée du Master Gouvernance des Risques Environnementaux, RISE, (Master porté par l’Université Lyon 2, Lyon 3, et l’Ecole Centrale Lyon, en partenariat avec l’IEP de Lyon) de produire un « document-socle » de notre action.  

 

La commande que nous lui avons faite se décompose en deux volets :  

Dresser un état des lieux des dérèglements environnementaux provoqués par les débuts de ce que l’on appelle désormais l’Anthropocène (désigne la période caractérisée par l’impact globalisé de l’homme sur la planète OU désigne la période à partir de laquelle les processus d’emprise de l’homme sur la nature s’accélèrent), 

Identifier parallèlement les risques induits par l’épuisement des ressources, autre incidence majeure de l’Anthropocène.  

 

Sur chacun de ces volets, nous lui avons demandé d’évaluer le niveau de criticité associé à chaque dérèglement ou pénurie, en prenant en compte deux paramètres :  

Quel est le niveau d’incidence négative sur l’équilibre de nos écosystèmes naturels d’une part, mais également sur la pérennité de nos modèles de fonctionnement actuel (économique et social) ? 

Quel est le délai d’atteinte du niveau critique ? Hier, aujourd’hui, ou dans un futur plus ou moins éloigné ? 

 

Enfin, sur ce travail d’évaluation, nous lui avons demandé d’identifier les spécificités du territoire rhônalpin pour que nous puissions disposer d’un état des lieux local et cerner des pistes de résolution adaptées au territoire.  

 

L’objectif final est d’établir un palmarès des risques environnementaux qui menacent notre territoire cible et ainsi d’identifier la ou les thématiques sur lesquels les efforts doivent porter en premier lieu.  

 

 

Sources scientifiques 

 

Sur les deux volets de ce travail diagnostique (dérèglements environnementaux d’un côté et épuisement des ressources de l’autre), Camille s’est appuyée sur un grand nombre de sources, notamment issues d’observatoires régionaux (ORCAE, ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, DREAL Rhône-Alpes, CNRS Auvergne-Rhône-Alpes, LPO Auvergne, etc.). Mais en ce qui concerne la structure même des deux grandes parties du diagnostic, elle a utilisé deux sources principales qui ont structuré sa démarche. 

 

Sur la question des dérèglements environnementaux, sa source principale est un ouvrage de vulgarisation établi par N. Gondran et Aurélien Boutaud, Les limites planétaires, Comprendre (et éviter) les menaces environnementales de l’anthropocène, disponible sur le site de la Métropole de Lyon dédié à la prospective : https://www.millenaire3.com/ressources/Limites-planetaires. Ces travaux prennent eux-mêmes largement comme référence, mais pas seulement, les travaux du Stockholm Resilience Centrer sur toutes les problématiques portant sur la notion de limite planétaire : https://www.stockholmresilience.org/ .   

 

Ces travaux mettent en évidence 10 grands dérèglements environnementaux :  

Le changement climatique 

L’acidification des océans 

Les perturbations du cycle de l’azote 

Les perturbations du cycle du phosphore 

Les perturbations du cycle de l’eau douce 

L’appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique 

L’accroissement de la charge atmosphérique en aérosols 

L’artificialisation des sols 

L’érosion de la biodiversité 

Les nouvelles pollutions chimiques 

 

De cette liste, nous avons d’emblée évacué la question de l’acidification des océans comme non pertinente pour l’analyse diagnostique du territoire de Lyon et de sa région de proximité. Pour les autres items, le diagnostic procède à une évaluation systématique du niveau de criticité du risque sur le territoire. 

 

Sur la question de l’épuisement des ressources, Camille s’est appuyée sur les travaux de la Ccommission Eeuropéenne qui met  à jour tous les trois ans une liste de matières premières sensibles pour l’Union Européenne : https://ec.europa.eu/growth/sectors/raw-materials/areas-specific-interest/critical-raw-materials_en 

 

A partir de cette base, 6 catégories de pénuries ont été identifiées :  

L’eau 

Les ressources pétrolières 

Le phosphore 

La potasse 

Les granulats 

Les métaux 

 

 

Première conclusion de l’état des lieux 

 

Au-delà de la focalisation ambiante sur le réchauffement climatique, très largement relayé dans les médias, on s’aperçoit en développant une approche plus méthodique que : 

de nombreux sujets sont passés sous silence alors qu’ils ne sont pas moins préoccupants, voire pourraient constituer des menaces plus proches dans le temps à une échelle locale ; 

les problématiques environnementales que nous rencontrons sont au moins autant dues à l’essor de la révolution industrielle qu’à l’industrialisation des pratiques agricoles qui s’est généralisée dans le monde occidental après la 2nde guerre mondiale puis dans les pays en voie de développement des années 60 à 90 via la révolution verte.  

 

Le croisement de toutes ces analyses diagnostiques, autant sur le plan local que planétaire, nous a amené à orienter l’action de Via Terrata sur la thématique de la souveraineté alimentaire.  

 

C’est en effet ce sujet central de l’autonomie alimentaire qui a amené l’humanité à développer des procédés mécaniques et chimiques toujours plus sophistiqués pour la généralisation d’une agriculture extensive. Ces procédés ont été couronnés de succès dans leur but de réduction des famines mais se révèlent gravement préjudiciables pour notre environnement. Au point que nous pourrions bientôt parvenir à un stade de dégradation tel, conjugué au risque de pénuries majeures fragilisant nos modèles économiques globalisés, que notre propre souveraineté alimentaire, sur un territoire aussi prospère que Lyon et sa région pourrait être menacée ! C’est donc par cette thématique que nous nous proposons d’apporter des pistes de transformation et des solutions, à l’échelle d’un territoire local.  

 

Nous avons voulu commencer notre action par ce travail diagnostique parce qu’il nous permet de prioriser l’ensemble des missions d’intérêt général qui seront portées par Via Terrata. Grâce à ce travail préalable, nous avons atteint un premier objectif avant d’agir : disposer d’un socle de connaissances qui nous donne toutes les chances de définir des projets impactant sur le réel.  

 

Nous vous laissons découvrir dans les articles issus de ce travail de fond l’analyse des différents risques qui pèsent sur notre territoire et sur lesquels Via Terrata se propose d’agir positivement, par la mise en œuvre de projets accélérateurs de transformation à la fois économique et écologique.